Voyez-vous cette femme rousse, aux allures de bourgeoise ? Mais si, regardez un peu plus près. Ses yeux amandes brillamment dessinés, une bouche glossée, un nez arrogant plissé et un visage légèrement creux vous toisent. Toujours pas ? Ce visage vous reste toujours aussi vague ? Alors, regardez sa démarche. Des petits pas élégants, forcés, une silhouette fine et déhanchée. Cette femme s'approche d'un homme de petite taille, et le regarde un instant. Elle bouge sa tête, un tic assez fréquent chez elle, avant de sourire chaleureusement. Elle lui fait la bise, avant de s'exclamer que cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu. L'homme sourit lui aussi, mes ses membres fébriles donnent l'impression qu'il est nerveux. La femme, cependant, ne remarque rien, et lui propose un café. Il accepte en hochant la tête frénétiquement, et tout deux pénètrent à l'intérieur d'un petit restaurant.
L'homme, issu de la bourgeoisie anglaise, tire une chaise en arrière avant d'inviter la rousse à s'assoir. Celle-ci accepte avec joie, et le remercie. S'entame alors une discussion durant laquelle l'homme observe sans arrêt sa montre.
- Alors, Doris, euh... comment vas-tu ? Tu travailles toujours au Ministère ? demanda-t-il, essayant de ne pas braquer l'attention sur lui.
Doris (puisqu'elle s'appelait ainsi), sourit faussement. Ses hautes fossettes pâlirent l'espace d'un instant, mais ce fut vite du passé.
- Eh bien, je dois dire que je suis surprise par ta question. Pour tout te dire, j'ai démissionné. Le Ministre était alarmé - tu sais comme il est. Il m'a alors proposé de rejoindre les rangs des professeurs à Poudlard, parce qu'il refusait de m'abandonner. J'hésite encore ; j'ai peur de ne pouvoir m'y faire une place.
L'homme s'esclaffa bruyamment. Ses cheveux blonds platinés se mouvèrent, tandis qu'il répondait :
- Je reconnais bien là ton esprit Poufsouffle. Efficace, franche, mais peureuse. Pourtant, avec le temps et l'incroyable humeur que tu as acquise, je pensais que tu te serai reprise ; tout cela est désormais du passé. Pense maintenant à l'avenir ! Je ne puis t'aider plus que je ne t'ai fait souffrir ; la seule chose que je veux, c'est que tu sois heureuse.
La rousse en fut toute émue. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu de tels compliments de la part de son mari divorcé. Malgré tout, elle n'oubliait pas tout le mal qu'il lui avait fait ; il l'avait d'ailleurs bien souligné. Doris sourit gentiment, arrangea une mèche rebelle, avant de répliquer :
- J'y réfléchirais. Ma mère, Crystal, ne me laissera certainement pas partir une nouvelle fois. Elle est peut-être vieille, mais Dieu seul sait à quel point la détermination dont elle fait preuve fait des ravages. J'ai peur de ne pouvoir résister une nouvelle fois à ses manipulations, hélas... Mon père, quant à lui, n'en à que faire. Son travail l'épuise, et je suis inquiète. De nombreux cheveux blancs pointent le bout de leur nez sur son crâne, tandis que Iris travaille comme une acharnée pour devenir Ministre de la Magie. Ma soeur est trop ambitieuse ; elle rêve d'obtenir ce poste. Tu n'imagines pas à quel point ma famille à changé depuis que tu es parti...
A ces mots, la belle rousse baissa les yeux, et observa sa baguette en bois de rose. Elle ne mesurait que 23,5 cm, mais la plume de phénix qui reposait à l'intérieur lui conférait une incroyable puissance. Elle et cette baguette avaient une incroyable histoire qu'elles ne comptaient partager ; telle était la promesse qu'elles s'étaient faites. Le blond n'eut le temps de répondre, car un serveur s'approchait. Le regard fixé sur son carnet, c'est à peine s'il regardait ses clients. Doris répondit qu'elle voulait un café, ainsi que son compagnon. Le serveur releva alors la tête, surpris, avant de balbutier :
- Miss Meliflua ?! Que... Que...
Sur ce, il s'enfuit, laissant derrière lui son carnet et son stylo. Instantanément, ce fut la panique. Des sorciers hurlaient de toute part, et ce que redoutait le plus le blond arriva ; quelqu'un avait reconnu son ancienne épouse. Scandalisé, il observait ahuri le chat si familier sortir de la baguette de Doris. Et puis, comme si elles étaient deux, elles murmurèrent ensemble :
- Nous allons partir. Vous n'avez rien vu, rien entendu. Faites comme si de rien n'était.
Tous alors se calmèrent instantanément, sauf Draco. Le blond savait que son ancienne épouse l'avait épargné, comme toujours. Tout ce qu'il lui avait fait comme mal, elle le lui rendait, mais en mille fois plus pire. Voir cet énorme chat manipuler une vingtaine de personnes était... terrifiant. La belle rousse rangea alors sa baguette, avant de disparaitre. Un chat roux se faufila à travers les jambes fébriles du blond, avant de s'en aller en courant à travers les toits.
